Communiqué de presse français
Comunicado de prensa en español
COMMUNIQUÉ DE PRESSE – 6 AVRIL 2022
CAS DU JOURNAL MILITAIRE
Au cours de la sixième session de la Phase Intermédiaire, le procureur des Droits de l’Homme du Ministère Public (MP) a exposé des preuves à conviction contre trois autres accusés de violations graves aux droits humains dans le cas du Journal Militaire : Juan Francisco Cifuentes, Cano, Gustavo Adolfo Oliva Blanco y Edgar Corado Samayoa.
OPERATIONS ET INTERROGATOIRES TACTIQUES: TORTURE ET VIOLENCE SEXUELLE.
Le MP a initié la présentation sur la participation de Juan Francisco Cifuentes Cano, Premier Chef du 5° corps de la Police Nationale – Bataillon de Réaction des Opérations Spéciales (BROS), entre le 1er avril 1982 et le 13 mai 1984, dans des opérations menées conjointement avec d’autres structures illégales. Un témoin aux données confidentielles, l’identifie et affirme que l’accusé rapportait les résultats des opérations au Directeur Général de la Police.
« Cifuentes Cano a apporté son soutien à l’État Major Présidentiel (EMP) dans les opérations : du 28 novembre 1983, du 2 janvier 1984 et du 14 mars 1984. Dans le cadre de la première opération, Marvin Giron Ruano, fiche 28 du Journal Militaire et Jorge Alfonso Gregorio Velasquez Soto fiche 26, ont été détenus-disparus, il existe un document des Archives Historiques de la Police Nationale (AHPN) signé par l’accusé dans lequel est enregistrée la perquisition faite chez Marvin Giron Ruano.
« On m’a dit que nous devions quitter les lieux, ne laissant que le chef Juan Francisco Cifuentes Cano, le deuxième chef et le G2. Lors des opérations, l’anneau de sécurité était coordonné avec les chefs du BROS », mentionne le témoin dans sa déclaration. Les anneaux de sécurité du périmètre sont une tendance qui a été observée dans plusieurs éléments opérationnels, pour éviter que les victimes « s’enfuissent », affirme le témoin aux données confidentielles.
Lors de l’opération du 2 janvier 1984, il est également attesté grâce à des témoignages et des documents officiels de l’AHPN, que le BROS a fourni un soutien à l’EMP avec des anneaux de sécurité, portant des uniformes bleus, associés au corps de la Police Nationale et identifiés par l’une des soeurs de Alma Lucrecia Osorio Bobadilla, enregistrée dans la fiche 34 du Journal Militaire.
Parmi les faits reprochés à Cifuentes Cano, figurent ceux liés à la famille de Patricio Yool Osorio, enregistré dans la fiche 95 du Journal Militaire, un agriculteur qui dénonçait les salaires et les conditions inégales des travailleurs agricoles.
Le MP a lu les déclarations des proches de Yool Osario et de son épouse Narcisa Cusanero Xián, fiche 99 du Journal Militaire. Ils indiquent qu’ils ont dû fuir à cause des persécutions dans leur communauté après les massacres dans le département de Chimaltenango perpétrées par l’armée guatémaltèque.
Cusanero Xián a été capturée avec ses enfants, Rolando et Irma, âgés de 5 et 3 ans, alors qu’elle tentait de se réunir avec Yool.
Le procureur a aussi présenté les preuves à conviction contre Gustavo Adolfo Oliva Blanco, ex-chef du Département d’Investigations Techniques (DIT) de la Police Nationale. D’après le MP, Oliva Blanco a participé personnellement à la direction des opérations d’appui à l’État Major Présidentiel, de même qu’à la coordination et à la création de conditions pour retenir illégalement des personnes, les contrôler, les neutraliser et les éliminer.
On accuse Oliva Blanco de sa participation dans les opérations de mars 1983, du 28 novembre 1983, du 2 janvier 1983 et du 3 janvier 1983.
Le Procureur a fait la lecture d’extraits de déclarations décrivant les types de torture dans diverses maisons et installations policières et militaires, y compris des viols individuels et collectifs contre des femmes capturées, de même que de la nudité forcée à laquelle elles ont été soumises, ainsi qu’être forcées de voir et d’entendre d’autres personnes être torturées, autant des femmes que des hommes.
Une témoin aux données confidentielles rapporte qu’elle a été détenue dans un centre clandestin identifié comme DIT, soumise à des interrogatoires usant de violence, de violences sexuelles individuelles et d’autres formes de tortures : « Quand j’étais à l’arrêt d’autobus, mon frère m’a dit de courir, à ce moment j’ai été frappé au visage par des gens habillés en civil et en militaire, ils m’ont jeté dans le coffre arrière d’un pick-up, je ne voyais rien, ils se sont assis sur moi, ils m’ont cassé le nez».
Dans un autre extrait de sa déclaration, elle raconte : « On m’a frappé au visage avec des armes légères, j’ai encore des cicatrices à l’arrière de la tête. En étant là, un type est arrivé dans une chambre où il y avait une jeune fille de 18 ans, ils l’ont violée devant moi. Ils m’ont battu, la chose la plus dure qu’il m’ait été faite a été de me faire assister à la torture d’autres personnes. »
La témoin continue : « Ils m’ont amené à la USAC et ils me forçaient à leur pointer des gens. La torture que je vivais était qu’une connaissance me salue, je connaissais des étudiants organisés dans le Comité d’Unité Paysanne (CUC). Dans le quartier de San Rafael, zone 18, il y avait une maison où ils torturaient des gens et dans la zone 10 était le lieu où ils m’ont torturé ».
Dans une déclaration de témoin aux données confidentielles, il est précisé qu’il y avait des toilettes sur le côté gauche, où des hommes et des femmes étaient torturées : « Ils m’ont violée individuellement et collectivement. Ils ne me disaient “Pas vrai qu’on baise mieux que la guérilla” et me mettaient le visage dans la toilette. Ils me faisaient voir la torture infligée aux autres personnes : des viols, des chocs électriques et ils demandaient à la jeune fille de 18 ans les vrais noms de gens qui étaient avec elle. Il y avait un jeune homme, châtain, à la peau blanche, mince avec un pantalon habillé. Ils lui ont écrasé les ongles et l’ont pendu par ses parties génitales, ils l’amenaient aux toilettes, il ne pouvait plus marcher alors ils le traînaient ».
Le MP a mentionné les répercussions que comportait la capture illégale d’une personne, en la forçant par la torture et des menaces à livrer d’autres personnes, affectant les noyaux familiaux dans leurs propres résidences. Dans certains des raids illégaux, les ravisseurs se présentaient comme des membres du DIT.
Dans les documents saisis au domicile de l’accusé Oliva Blanco, se trouve des preuves de l’identification, du profilage et de la surveillance des victimes et de leurs familles, mères, soeurs, partenaires, comme Nineth Montenegro, épouse de Fernando García ; Aura Elena Farfán, soeur de Rubén Amílcar, fiche 134 ; Beatriz Velásquez, épouse de Otto Estrada Illescas, fiche 133; Rosario Godoy, épouse de Carlos Cuevas, ficha 132.
D’autres documents saisis témoignent du contrôle étendu aux structures du PGT et à chacune des organisations qualifiées de subversives, dans tout le pays, mettant en relief les arrestations au niveau national enregistrées dans le Journal Militaire. Dans un autre document, on constate l’existence d’instructions quant à la manière de procéder aux interrogatoires, aux raids, à l’armement, au contre-espionnage et au traitement des détenus, celles-ci fournies par l’accusé Oliva Blanco aux membres des forces de sécurité de l’État.
Le procureur a commencé la présentation de preuves à conviction contre Edgar Corado Samayoa, sergent Major Spécialisé, Conducteur de véhicules II des Archives Générales et des Services d’appui à l’État Major Présidentiel, entre février 1981 et mai 1985. On accuse Corado Samayoa d’avoir participé aux opérations du 2 au 7 novembre 1983, celles du 28 novembre 1983, celles du 2 janvier 1984 et celles du 11 au 13 mars 1984. Amílcar Blandemiro Orozco y Orozco, enregistré dans la fiche 19 du Journal Militaire, l’identifie dans l’opération qui a mené à sa capture, deux victimes ont été arrêtées cette journée-là.
Orozco y Orozco affirme que l’accusé lui a même mordu le doigt et le désigne comme l’un de ses tortionnaires dans le centre de détention clandestin.
C’est dans cette opération que Santiago Rodríguez Melgar y Victor René López Pérez furent détenus-disparus, un témoin les identifia dans un centre de détention clandestin. Arnulfo de Jesús López Pérez, frère de Victor René, a été soumis à des traitements cruels lorsque les structures clandestines et illégales ont fait une descente chez lui.
Le juge Miguel Ángel Gálvez a reporté l’audience au jeudi 7 avril à 9h00, afin que le procureur puisse poursuivre sa présentation des preuves à conviction contre Edgar Corado Samayoa.
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